* premier mimosa *
* atelier "Peindre le rêve" au Musée du Quai Branly *
* Mlle A avait invité le copain d'école *
* la manif en famille et avec les amis *
* les churros Place de la Bastille *
* pas de devoirs, le cahier de leçons a été oublié à l'école (idem pour le copain) et pi tant pis ! *
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Je ne sais pas exactement l'âge que je peux avoir (8 ? 9 ans ?) et je suis dans le jardin de notre petit coin de l'est. Je vois tout d'abord apparaître sa tête, juste au dessus du mur qui sépare nos jardins. Il a grimpé sur l'échelle contre le mur, ainsi qu'il le fait régulièrement, et maintenant il déverse sa haine de la société, son "trop plein" à la face de ma grand-mère (parfois, il est sur le mur côté rue, de l'autre côté, mais sa bile arrive quand même jusqu'à nous). Je détourne les yeux, je ne supporte pas son visage déformé, ses rictus, sa voix haut perchée.
Cet homme est marié, à une petite souris grise, un petit bout de femme effacée que nous ne croisons pas très souvent. Ils me semblent seuls, pas très bien intégrés au quartier. J'apprendrai, avec étonnement quelques années plus tard, qu'ils ont un fils qui habite loin.
Et il faudra que passent quelques années encore avant que ma grand-mère n'ose me dévoiler la face cachée du personnage pour tenter d'expliquer ? d'excuser ? ses humeurs.
"Il est homosexuel, vois tu. Et très malheureux."
Il ne fallait pas que ça se sache. Il fallait un mariage, des enfants, la messe le dimanche, un bon job et maintenir une certaine place dans la "bonne société" de cette petite ville de province.
Parfois, il y avait de courtes parenthèses, des petites virées à Paris, un pan de vie caché. Et la haine, implaccable, qui grignotait.